TRIBUNE DES ANCIENS PRESIDENTS
TRENTE CINQ (35) ANS DU CERFI : REGARD DE SES ANCIENS PRESIDENTS
De par le Nom d’Allah, le Miséricordieux par essence et par excellence.
Assalamou alaykoum wa rahmatoullah wa barakaatouh
Le 23 juin 1989, la grande famille des associations islamiques du Burkina Faso s’agrandissait de l’arrivée d’un nouvel acteur : le Cercle d’Etudes, de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI).
Trente-cinq (35) ans après la survenue de cet évènement majeur dans le paysage associatif islamique, il importe de regarder dans le rétroviseur et de questionner le trajet du CERFI en termes de bilan et de perspectives. Il serait prétentieux, en peu de mots, de vouloir conter la vie et le parcours du CERFI sans omettre des parties importantes qui concernent ses acquis, ses insuffisances, ses défis présents et futurs. Cet écrit n’est donc qu’une ébauche avec ses limites.
Le Cercle d’Etudes, de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI) est né dans un contexte national, sous régional et international complexe, où des évènements importants ont impacté notre vécu et notre vision. A cet effet, il faut noter :
– l’effondrement du bloc communiste qui était considéré comme le péril rouge selon le narratif occidental ;
– l’apparition d’un islam militant considéré comme le nouveau péril vert suite à la révolution islamique en Iran ;
– la naissance des associations musulmanes estudiantines à l’instar de l’Association des Elèves et Etudiants Musulmans au Burkina (AEEMB).
Au Burkina Faso, pays majoritairement musulman, la communauté islamique dominée par un Islam traditionnel se caractérisait par son manque d’organisation, ses nombreux clivages et sa faible représentation dans la sphère politico-administrative ; toutes choses qui favorisaient les préjugés et exacerbaient le complexe des musulmans scolarisés quant à la pratique saine de leur religion, quand ils ne la quittaient pas pour d’autres religions jugées modernes.
C’est dans ce contexte, qu’à la suite de l’AEEMB, des hommes et des femmes, toutes tendances confondues, issus pour la plupart des secteurs publics et privés, ont posé les fondements d’une association pour répondre principalement à leur besoin de connaissance sur leur religion et contribuer à la promotion de l’islam par l’étude, la formation et la recherche : le CERFI. Ses membres dirigeants proviennent majoritairement de l’AEEMB donc déjà pétrie d’expériences.
Dès son avènement, le CERFI a marqué les esprits de tous : les musulmans comme les non musulmans ; les sceptiques qui pronostiquaient sur sa disparition ou son échec ; ceux qui avaient peur d’une atteinte à leurs intérêts ; ceux, optimistes, qui nourrissaient l’espoir d’un changement qualitatif de l’image de l’Islam et de la communauté islamique.
Par sa vision, ses objectifs, ses stratégies, ses réalisations, l’exemplaire humilité et dévouement de ses dirigeants et membres pour la cause de l’Islam et de la communauté sans sectarisme, le CERFI a progressivement convaincu tous les gens de bonne volonté et les observateurs avisés qu’il n’était pas une association de plus et sans lendemain, mais une structure véritablement au service de l’Islam, de la communauté et du Burkina tout entier.
En effet, en ambitionnant d’être une organisation de référence sur les questions islamiques, qui aspire à la promotion d’un Islam de tolérance et de juste milieu, qui contribue à la consolidation de l’unité d’action réelle des musulmans, qui participe à l’avènement de la paix et du vivre ensemble, le CERFI a travaillé méthodiquement pour l’atteinte de ses objectifs qui sont de :
- promouvoir et encourager l’étude, la recherche dans les divers domaines de l’islam ;
- répondre à l’attente de tous ceux qui désirent s’informer et se former dans ces domaines ;
- travailler à l’unité d’action réelle, à la compréhension et à la tolérance entre toutes les composantes de la communauté des musulmans ;
- élever la conscience religieuse de ses membres en vue d’apporter une contribution au développement social, culturel et économique du pays ;
- défendre les intérêts de l’islam[1].
Après trente-cinq (35) ans d’existence, le CERFI peut être fier d’un bilan globalement positif, nonobstant des insuffisances et des défis majeurs qu’il faudrait relever au regard des attentes légitimes des fidèles musulmans en particulier et de la population burkinabè en général.
Sans être exhaustif, les principaux acquis peuvent se décliner comme suit :
- une organisation et un fonctionnement transparents qui permettent de minimiser les conflits internes ;
- une contribution inestimable à l’amélioration de l’image de l’Islam et de la communauté ;
- une contribution à la mise en place et au fonctionnement de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina (FAIB), pour l’unité de la Oummah islamique ;
- une participation remarquée à la mise en place et au fonctionnement des structures pour l’unité nationale et le dialogue inter-religieux ;
- une participation qualitative dans l’organisation du Hadj et dans la formation des pèlerins ;
- une manifestation permanente de la solidarité islamique en faveur des plus démunis à travers les caravanes de daawa, les opérations de salubrité, les opérations de dons de sang, les visites aux pensionnaires des orphelinats, des hôpitaux et aux prisonniers ;
- le renforcement de l’engagement citoyen des cadres musulmans ;
- la contribution qualitative au débat public sur des sujets de société à travers des conférences publiques, des fora, des sermons et autres ;
- la vulgarisation et l’approfondissement de l’Islam grâce aux séminaires, ateliers, colonies de vacances et autres cours islamiques dispensés par l’Institut Musulman d’Enseignement et d’Education (IM2E) ;
- la création et la gestion d’établissements d’enseignement secondaires à travers le pays ;
- la participation avec des partenaires à des études d’envergure dans divers domaines etc.
Si les acquis sont nombreux et divers, force est de constater que des insuffisances subsistent et que des défis restent à surmonter.
Les difficultés les plus en vue de l’Association sont les suivantes :
- l’insuffisance des ressources humaines, financières et organisationnelles pour faire face aux nombreux projets au profit des populations ;
- l’insuffisance de résultats dans la construction commune de l’unité islamique, entre autres.
Au regard du bilan succinct décrit plus haut, les défis que le CERFI s’est attaché à relever restent entiers et complexes au fil du temps. On retiendra que ces défis concernent de nombreux domaines que sont l’éducation, la formation, la recherche, la santé, la solidarité, la communication, l’unité islamique et nationale, la promotion d’un Islam de tolérance et de juste milieu, de même que la mobilisation de ressources humaines et financières…
Ces défis constituent un vaste chantier d’activités que le CERFI devra mener à bien dans les temps à venir en tant que perspectives pour le moyen et le long terme. De façon concrète, il s’agira entre autres de :
- renforcer et étendre l’opérationnalisation de Zakat House pour une mobilisation plus conséquente et plus pérenne de la zakat et de l’aumône en vue de lutter efficacement contre la pauvreté;
- finaliser l’ensemble des projets en cours notamment ceux concernant les infrastructures d’éducation et de santé ;
- initier et conduire des projets relatifs à la communication en s’appuyant sur la stratégie de communication déjà élaborée ;
- poursuivre et améliorer l’organisation interne pour une meilleure mobilisation des ressources humaines de qualité ;
- renforcer le dialogue inter-religieux et promouvoir un Islam de tolérance et de juste milieu par une prédication savante et responsable…
En conclusion, le CERFI n’a pas déçu les espoirs placés en lui à sa naissance même si des attentes demeurent. La communauté musulmane suscitée par le CERFI ira incha Allah en grandissant, se fortifiant, portant haut le flambeau de la religion tant qu’elle se conforme aux principes de l’islam et en suivant l’exemplarité du prophète Mohammed (saw), modèle de sincérité, de probité, de courage, de tolérance et de pardon mais aussi de spiritualité, d’altruisme et d’unité.
Avec l’aide et le soutien d’Allah le Tout Puissant, en trente-cinq ans d’existence, il a contribué à façonner un musulman au fait de sa religion, fier de sa foi et de sa communauté et au service de son pays avec compétence, intégrité et dévouement. C’est finalement le résultat le plus important et le meilleur est à venir inchaAllah.
Wassalamou aleykoum wa rahmatoullah wa barakaataouh !
Ont signés les anciens Président[2] :
- Issaka SAM, ancien cadre de banque, Entrepreneur ;
- Mamadou DRABO, inspecteur des Impôts;
- Salifou BELEM, conseiller en sciences de l’information et de la communication à la retraite, ancien PCA de la RTB ;
- Ibrahima BARRA, Entrepreneur ;
- Cheick Sidi Mohamed KONE, inspecteur des impôts à la retraite, ancien Inspecteur Général des Finances (IGF) ;
- Moussa NOMBO, administrateur des services financiers ;
- E. Souleymane KONE, administrateur des services financiers, ancien ambassadeur ;
- Aminou OUEDRAOGO, traducteur – interprète.
[1] Statut du 08 janvier 1989 (reprise dans le récépissé de reconnaissance)
[2] 1er Président CERFI : Feu Sayouba BELEM, Administrateur civil et ancien Préfet