Toutes les louanges sont à Allah. D’après l’islam, l’homme a le droit de tirer profit des ressources qui se trouvent sur terre. Cependant, il a aussi le devoir de tirer profit de ces ressources de façon modérée. Cette modération que doit observer l’homme, l’islam l’envisage par rapport également aux autres créatures qui partagent avec l’homme la vie sur la planète bleue, par rapport, aussi, aux ressources mêmes de cette planète.
Voici maintenant les principes que l’homme doit observer dans ses rapports avec les animaux.
1) Ne mettre fin à la vie d’un animal qu’en cas de nécessité (hâja) :
Dans un hadîth dont la chaîne de narration est faible, il est relaté ceci du Prophète (sur lui soit la paix) : »Celui qui tue un moineau ou un animal plus gros sans son droit devra rendre des comptes à Dieu le jour du jugement. – Et quel est son droit ? demanda-t-on. – C’est qu’il l’abatte et en consomme la chair, et non qu’il en coupe la tête et la jette » (rapporté par an-Nassâ’ï, n° 4349, 4445). Dans un autre hadîth à la chaîne également faible, il est relaté ceci du Prophète (sur lui soit la paix) : »Celui qui aura tué un moineau par futilité, (ce moineau) criera le jour de la résurrection vers Dieu, disant : « Seigneur, Untel m’a tué par futilité, il ne m’a pas tué pour une utilité » (rapporté par an-Nassâ’ï, n° 4446).
Le droit de mettre fin à la vie d’un animal est donc lié à la nécessité de se nourrir.
Il y a également, comme nécessité, le fait de sacrifier certains animaux tels que bovins, ovins, caprins et camélidés, lors de la fête de Tabaski (la chair en étant par la suite consommée par celui qui sacrifie l’animal ainsi que par les nécessiteux) ou lors de compensations (dam) à effectuer en cas d’erreurs lors du pèlerinage (la chair de l’animal étant alors distribuée aux nécessiteux exclusivement).
Le droit de mettre fin à la vie d’un animal est aussi lié à la nécessité de se protéger, ce qui justifie que l’on tue des animaux dangereux ou nuisibles. Le Prophète a ainsi dit : « Cinq animaux sont mauvais, et ils peuvent être tués hors du territoire sacré (al-haram) [autour de la Mecque] et à l’intérieur de ce territoire » ; le Prophète cita ensuite 5 animaux qui vivaient en Arabie, parmi lesquels le serpent, le rat, le chien enragé… (rapporté par Muslim, n° 1198). Certains savants en ont déduit la règle générale concernant la permission du tuer les animaux dangereux ou nuisibles, quels qu’ils soient (voir Sharh Muslim par an-Nawawi)
2) Mettre fin à la vie d’un animal en le faisant le moins souffrir possible :
Même lorsqu’il faut mettre fin à la vie d’un animal, le Prophète a demandé que cela soit fait sans le faire souffrir inutilement.
Il a ainsi interdit de tuer par le feu (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2675).
Abdullâh Ibn Omar relate : « Le Prophète a ordonné de bien aiguiser les couteaux et que ceux-ci soient dissimulés des bêtes, et il a dit : « Lorsque l’un d’entre vous égorge, qu’il provoque rapidement la mort » » (Sahîh ut-targhîb wa-t-tarhib, n° 1076).
Ayant vu un jour quelqu’un qui avait immobilisé la bête puis aiguisait son couteau devant elle alors qu’elle le regardait, le Prophète lui fit ce reproche : « Tu veux donc la faire mourir plusieurs fois ? Pourquoi n’as-tu pas aiguisé ton couteau avant de l’allonger ? » (Ibid., n° 1075).
3) Ne pas abuser sur les animaux qu’on utilise ou qu’on côtoie :
Le Prophète a beaucoup insisté sur ce point. D’après l’islam, l’homme a certes le droit de tirer profit des ressources de la terre. Mais il a le devoir de le faire en bonne intelligence et avec humanité. C’est pourquoi organiser des combats entre animaux et se divertir de ce genre de spectacles est indigne d’un être humain. « Le Prophète a interdit d’organiser des combats entre animaux » (rapporté par at-Tirmidhî, n° 1708, Abû Dâoûd, n° 2562).
Le Prophète a également interdit de s’entraîner au tir en prenant comme cible un être vivant (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
Utiliser des animaux pour le transport et le trait d’accord, mais, sans abus. Le Prophète a dit ainsi : « Lorsque vous voyagez dans une contrée verdoyante, donnez à votre chameau la part qui lui revient de la terre. Et lorsque vous voyagez dans une contrée sèche, pressez-vous afin de préserver les capacités de votre monture » (rapporté par Muslim, n° 1926, at-Tirmidhî, n° 2858, Abû Dâoûd, n° 2569).
« Ne prenez pas le dos de vos montures comme des chaires. Dieu ne vous a assujetti ces montures que pour qu’elles vous transportent jusqu’à là où vous ne pourriez parvenir que difficilement. Il a fait pour vous la terre. Debout sur la terre réglez donc vos affaires » (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2567).
De même, alors qu’une fois le Prophète s’était rendu dans un verger appartenant à un musulman, il y vit un chameau qui blatéra. Le Prophète s’approcha de lui et passa sa main sur sa bosse. Puis il fit venir le propriétaire du chameau et lui dit : « N’as-tu pas crainte de Dieu au sujet de ce chameau dont Il t’a rendu propriétaire ? Ce chameau se plaint de toi que tu le gardes affamé et lui donnes constamment du travail » (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2549).
Le Prophète passa également devant un chameau extrêmement maigre. Il dit alors : « Craignez Dieu à propos de ces animaux muets. Montez-les de façon convenable et mangez-les de façon convenable » (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2548).
Le Prophète raconta également comment une personne fut jetée par Dieu dans la punition de l’au-delà pour avoir fait volontairement mourir de faim une chatte : « Ni elle ne l’avait nourrie, ni elle ne l’avait libérée pour qu’elle se nourrisse elle-même » (rapporté par al-Bukhârî, n° 712, Muslim).
Il raconta par ailleurs qu’une autre personne, ayant donné à boire à un chien que la soif terrassait, obtint le pardon de Dieu pour ses péchés. « Serions-nous récompensés pour les animaux ? demandèrent alors au Prophète ses Compagnons. – Pour (le bien fait à) tout être vivant il y aura une récompense » répondit le Prophète (rapporté par al-Bukhârî et Muslim).
Des Compagnons du Prophète racontent même comment, pendant un voyage, le Prophète s’éloigna une fois du camp, et qu’eux découvrirent pendant ce temps un oiseau et ses deux petits. Ils prirent les petits en l’absence de la maman, et celle-ci vint peu après, battant des ailes. Le Prophète, revenu, vit cela et dit alors : « Qui a effrayé cette mère au sujet de ses petits ? Rendez-les lui ! » (rapporté par Abû Dâoûd, n° 2675).
Souleymane OUEDRAOGO : écrivain, Secrétaire adjoint aux affaires théologiques et culturelles du bureau provincial CERFI Yatenga
Inspiré d’un article de Cheikh Anas Lala